La Grèce dispose enfin de son premier centre funéraire crématoire près d’Athènes. Jusqu’à récemment, l’incinération des défunts était interdite et n’a été autorisée par la loi qu’en 2006.
Mais depuis 13 ans, aucun crématorium n’a été construit. L’alternative était un voyage de huit heures vers la Bulgarie voisine. L’ancienne actrice devenue députée, Anna Vagena, a dû faire le trajet jusqu’à Sofia pour incinérer son mari : « C’était douloureux, toute la procédure, le transport, l’endroit où il a été emmené après l’hôpital. On a dû faire ça en secret, comme des hors-la-loi. Un prêtre est venu, en secret aussi, je ne pense pas qu’il l’ait dit à sa paroisse ». La création de crématorium s’était jusque-là heurtée à l’opposition de l’Eglise orthodoxe, très influente dans le pays. En 2012, un projet à 50 km d’Athènes, avait été annulé sous la pression d’un prêtre.
L’église interdit les funérailles religieuses pour les personnes incinérées. « L’incinération du corps n’est pas en accord avec la tradition de l’Église, qui commence avec le Christ. explique le prêtre Serafeim Dimitriou, puisqu’il a été enterré, les chrétiens doivent faire de même ». Côté crématorium, on donne une autre explication: « Ce n’est pas l’Eglise qui faisait obstacle à une construction, mais plutôt l’incapacité de l’Etat à réussir à taxer les crémations et des enterrements de la même façon ». Les propriétaires du crématorium ont choisi une région éloignée, à 80 km au nord d’Athènes, dans une enceinte de 11 000 m2, loin de toute zone résidentielle, au milieu des oliviers, pour éviter problèmes administratifs et plaintes d’habitants.
#Euronews, 15 octobre 2019