A chaque numéro, Prévinov’ vous fait découvrir une start up; aujourd’hui, La Cagnotte Des Proches.fr, qui depuis 2017, permet de collecter en ligne des dons reversés aux proches d’un défunt.
1/ Sur quel constat s’est construit votre service ?
Anne-Sophie Roturier (co-fondatrice): Au départ, nous avons créé la plateforme pour aider des personnes financièrement impactées par une maladie ou un handicap. Après des années à travailler dans la santé, nous faisions le constat que l’humain n’était plus au centre des préoccupations et que nous pouvions changer la donne avec un outil simple de collecte d’argent et un accompagnement humain. Dès le départ, nous avions conscience que notre cagnotte allait servir aux familles qui traversent la fin de vie ou font face à la mort.
2/ Que proposez-vous ?
Le service permet de créer des cagnottes qui aident les familles à financer des besoins non couverts, de la naissance à la mort. Nous enregistrons une forte augmentation des cagnottes en marge de funérailles, pour honorer la mémoire d’un défunt. Elles financent des obsèques, soutiennent la famille ou flèchent des dons vers des associations. En quelques jours, ces cagnottes drainent des milliers d’euros; les dons sont souvent accompagnés de messages qui « font du bien ». Récemment, une famille nous disait avoir ainsi ressenti « une vague d’amour insoupçonnée » pour un de ses membres décédé.
3/ Est-ce facile d’innover dans le funéraire ?
Il est plus facile d’innover lorsque l’on n’a pas peur d’évoquer la mort et que l’on place l’humain au coeur du projet. Certes, notre innovation digitalise la collecte mais notre plus value réside dans l’accompagnement que nous offrons aux « cagnotteurs ». Chaque ouverture est accompagné d’un appel pour assister la personne et la conseiller. C’est un temps d’écoute et d’empathie qui est apprécié.
4/ Quel objectif vous donnez-vous à trois ans ?
Devenir la cagnotte en ligne « de référence » du funéraire. A ce jour, en 2 ans, nous avons collecté 600 000 euros sur 300 cagnottes. Une forte accélération est perceptible ces derniers mois, résultant notamment de l’augmentation des cagnottes « obsèques ».
5/ Quel est votre modèle économique ?
Nous nous rémunérons avec les « pourboires » d’internautes, qui sont laissés en plus des dons. Ce modèle fonctionne car les donateurs comprennent le sens de notre démarche. Pour atteindre une taille critique, nous construisons d’autres modèles avec des acteurs B2B (entreprises du funéraire et du parcours de soins, mutuelles, etc). Par ailleurs nous travaillons sur une augmentation de capital.
6/ Quel regard portez-vous sur le secteur funéraire ?
Il semble en mutation et révolutionné par le digital; nous avons très envie de participer à son évolution et de contribuer à rendre la mort moins tabou. Pour nous, la mort est source de vie.
7/ En quoi la crise sanitaire a-t-elle impacté votre activité ?
Nous avons été actifs. La crise a généré énormément d’ouvertures de cagnottes, en particulier sur la partie obsèques. Un cap est franchi.
8/ Quelques mots sur vous ?
Le site a été créée en 2017 par Christophe (Roturier) et moi. Christophe est un entrepreneur qui a travaillé dans les logiciels pour patients. Je suis infirmière; j’ai grandi avec une soeur handicapée et accompagné ma mère dans sa lutte contre un cancer.
9/ Libre propos
Une cousine décédée d’un cancer en 2007 nous a inspirés. Lors de ses funérailles, une corbeille a circulé en sortie de messe, destinée à des dons pour ses enfants. J’ai été touchée par la démarche et je pense souvent, avec émotion, à la corbeille. Aujourd’hui, elle s’est « digitalisée ».
10/ Votre devise ?
« Et pourquoi pas ! » (inspirée de François Michelin).