Fabrice Marsella, maire du « Village by CA », expert en innovation

« Il y a des places à prendre dans le funéraire »

Vous dirigez un incubateur parisien de 90 sociétés, réparties sur 4500 m2, qui a accueilli fin novembre la remise des prix du Concours Préviséo de l’innovation funéraire. Quand vous avez découvert ce prix, qu’avez-vous pensé ?

Le secteur funéraire n’apparait pas comme le plus glamour des secteurs et je me suis dit que ce concours était une bonne chose. Il y a des besoins en termes de service, de relation client dans tous les métiers, et ce prix va accélérer la circulation des bonnes – et des mauvaises – idées. J’ajouterais qu’un secteur moins convoité par les jeunes ingénieurs, les esprits créatifs, les talents « disrupteurs » demande à être exploré, et qu’il y a plus de places à prendre là que dans des métiers comme le covoiturage ou les ventre privées.

Votre incubateur, qui compte 8 salariés et a été mis en place par le Crédit Agricole (NDLR: dont dépend Préviséo) accueille la start-up du funéraire Advitam (NDLR. qui a pas au concours). Est-ce une entreprise « comme les autres » ?

Absolument au même titre que celles sur l’intelligence artificielle ou la maintenance d’ascenseurs ou la crypto-monnaie. Nous lui offrons des synergies avec des partenaires, des investisseurs, des experts et à elle d’en profiter, pour transformer le marché qu’elle vise. Cette start-up a rejoint un écosystème, elle a des défis identiques à toutes les start-ups et nul ne sait ce qu’elle va faire de ces liens avec les entreprises matures que nous lui facilitons.

Qu’est-ce qu’une innovation réussie sur un marché ?

Que le marché soit figé ou inventif, c’est une réponse apportée avec justesse à un problème rencontré par les consommateurs et bien identifié par l’innovateur. C’est simple et complexe à la fois. D’une part, on doit apporter grâce à ce service ou produit, un progrès, une amélioration dans la vie de chacun – lors d’obsèques par exemple, ou dans les mois qui suivent une inhumation. Toutefois, cette innovation doit être facile à adopter: révolutionner la vie des gens se heurte à des résistances. Par ailleurs il y a un moment idéal – ce qu’on appelle le « time to market » – pour innover. Une bonne idée de prestation ou matériel peut arriver trop tôt ou trop tard.

Le digital percute tous les secteurs. On sait le goût pour les nouveaux noms: fintech, gametech, assurtech… quel nom de ralliement proposeriez-vous au funéraire ?

(Sourire) Eh bien oublions déjà ce qui se termine par 2, 3 ou 5.zéro, c’est déjà rétrograde. Je pense que funtech est tentant mais ne marcherait pas, car c’est à l’univers du jeu numérique qu’il renverrait; advitamtech non plus, car le nom est celui d’une marque… On pourrait aller du côté de l’anglais, funeral + tech, pourquoi pas, ou construisons à partir d’obsèques: obstech ? Je ne sais … -:) Les innovateurs aiment les jeux de mots et je suis sûr qu’ils trouveront de meilleures idées.

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Le mot de… Arno Dupré (conception de sépulture temporaire et connectée, installée le jour des funérailles et prochainement recyclable, dans l’attente d’un monument définitif), Grand Prix 2019.

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Réinventer les funérailles